lundi 05 juin 2017 - Dernière minute

Rendez-vous politique dans le Marais : entretien avec Julien Bayou

Rendez-vous politique dans le Marais : entretien avec Julien Bayou

Julien Bayou, candidat écologiste aux Élections Législatives répond aux questions de Parismarais.com

Nous avons eu le plaisir de rencontrer de nombreux acteurs de la vie politique locale du 3e et 4ème arrondissement qui sont candidats à la fonction de député à l’assemblée nationale. Nous leur avons posé des questions pertinentes et sans complaisance sur la vie quotidienne pour les résidents et sur le tourisme pour les très nombreux visiteurs internationaux qui font du Marais le quartier le plus visité de la capitale. Merci à tous ceux qui nous ont répondu avec sincérité et une véritable passion.

1 / Qui êtes vous ? Qu’avez vous fait professionnellement. Vos envies pour votre circonscription

- Né le 11 juin 1980, j’ai grandi dans le 3e et je vis dans le 10e, de chaque côté de la place de la République. J’ai grandi rue Meslay et appris à marcher au Square du Temple, travaillé et milité dans les environs du Canal Saint Martin j’adore ces quartiers de Paris. J’ai travaillé pour plusieurs ONG de solidarité internationale, créé et géré une entreprise et présidé une association de solidarité dans le 3e. Militant, j’ai obtenu des avancées concrètes dans la loi, via les collectifs que j’ai cofondés : Jeudi Noir (contre le mal-logement) et Génération Précaire (droits des stagiaires). Auteur du livre Kerviel : Affaire d’État, je suis Conseiller régional d’Ile-de-France et porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts.

2 / Questions relatives au tourisme

Paris est la ville la plus visitée au monde… Mais la dépense moyenne par visiteur nous classe en 7ème place… Les nombreuses contraintes auxquelles sont astreints les hôteliers font que les chambres sont plus chères à Paris que partout en Europe, à l’exception de Londres… Avez vous des idées sur la manière dont on pourrait promouvoir un Paris plus divers, plus accessible et plus rassurant ? Que pensez vous d’une piétonisation totale du Marais et d’un accès voiture réservé aux seuls résidents ?

- En tant qu’écologiste, je suis évidemment pour un meilleur partage de l’espace public qui va vers davantage de piétonisation et laisse toute leur place aux mobilisations douces. Les plans de circulation doivent être revus. Il faut soutenir l’usage du vélo c’est une question de santé mais également de tranquillité et d’emplois.

AirBNB : La Maire de Paris fait une chasse aux locations saisonnières abusives ce qui est normal, pensez vous que cela est du ressort de l’Etat, de la Mairie ou de chaque copropriété ? Actuellement la limite autorisée est de 4 mois par an. Hors, de nombreux jeunes ou seniors propriétaires pauvres ne peuvent plus faire face aux dépenses de copropriété au coût de la vie à Paris, ces revenus leur sont indispensables. Que diriez vous d’une autorisation de location par palier, par exemple 6 mois, 8 mois, 10 mois, quand les personnes n’ont aucun autre revenu ? La compétition vis à vis des hôtels est surtout un problème pour les courts séjours de 1, 2 ou 3 nuits, que penseriez vous de l’idée suivante : restreindre les locations saisonnières à 1 semaine comme dans les résidences hôtelières, ainsi : moins de compétition pour les hôtels, plus de calme et moins d’aller et venues dans les copropriétés.

- Comme pour Uber ou les autres nouveaux services, je suis pour la régulation plutôt que l’interdiction. En la matière, le souci n’est pas le particulier qui de temps en temps loue son appartement mais bien le fait de transformer des appartements destinés à accueillir des locataires en appartements AirBNB. Nous pouvons imposer des règles à ces plateformes pour qu’au delà d’un certain chiffre d’affaires un permis de louer soit nécessaire. Ainsi on peut concilier l’aspect pratique et éviter la concurrence déloyale vis à vis des hôteliers.

3 / questions d’ordre économique locale spécifique aux quartiers centraux de Paris

Le logement est un des problèmes majeurs de Paris. Surtout au centre. La fiscalité sur la taxation des plus-values est trop élevée et bloque le marché : sous Jacques Chirac, fin de la taxation sur les plus-values pour les résidences secondaires : 15 ans, sous Nicolas Sarkozy 30 ans, sous François Hollande 22 ans. En Allemagne 10 ans seulement. Tous les studios souvent achetés par des parents pour leurs enfants étudiants seraient revendus plus tôt si ils étaient moins taxés… Qu’en pensez vous. Avez-vous d’autres idées pour fluidifier l’accès au logement ?

On confond depuis longtemps immobilier et placement boursier mais on ne devrait pas oublier que le logement n’est pas une marchandise comme les autres.
Il est normal que l’on encadre la vente et protège l’acheteur. L’encadrement des loyers constitue une avancée. J’ai obtenu devant le Conseil d’Etat l’annulation de la décision de Manuel Valls de limiter l’encadrement des loyers. Je suis pour la transformation des bureaux en logements et pour la taxation accrue des logements et bureaux vides. Il faut également un grand plan de rénovation thermique pour pouvoir tout à la fois baisser les factures d’électricité, créer de l’emploi et lutter contre la pollution.
Enfin, évidemment, il faut construire et construire encore, en particulier du logement très social.

Les investisseurs Qataris ne paient pas d’impôts sur les plus-values immobilières (convention de 2009) ne trouvez-vous pas que cela doit cesser (Liberté Egalité Fraternité) ce genre de mesure n’ incite-elle pas à un sentiment d’injustice global ?

- C’est rigoureusement inacceptable. Pour moi, c’est lié à un copinage insupportable entre nos pouvoirs publics et les monarchies du Golfe. Je suis pour l’abolition de cette convention et pour une lutte contre l’optimisation et l’évasion fiscales.
D’une manière générale, nous avons trop souvent détourné le regard sur les atteintes aux Droits de l’Homme, je pense en particulier aux exactions commises par l’Arabie Saoudite au Yémen, au motif que nous sommes dépendants de leurs achats d’armes ou des importations de pétrole. Une raison de plus pour développer les énergies renouvelables et retrouver la maîtrise de notre diplomatie.

Les commerces indépendants ont de plus en plus de mal à survivre et à payer des loyers qui grimpent en flèche, que pensez vous des systèmes comme la SEMAEST ? N’ y aurait-il pas d’autres choses à inventer pour préserver le tissu commercial essentiel et éviter la mono-activité comme les boutiques de vêtements. Comment doper une authentique vie de quartier avec une côte-part de logements / commerces de proximité plutôt que des placements financiers immobiliers, comme par exemple les 24 000 mètres carrés de bureaux rue des Archives ?

- La puissance publique peut beaucoup pour limiter la mono-activité (le luxe par exemple), et la chèreté des loyers pour les particuliers comme pour les professionnels, mais encore faut il de la volonté politique. Actuellement, le 3e arrondissement est très loin de répondre aux obligations de la loi SRU, nous n’avons que 7 % de logements sociaux au lieu des 20 % réglementaires. L’immobilier n’est pas un bien comme les autres. Quand vous en supprimez, vous créez de la pénurie, vous faites monter les prix, vous chassez les habitants, vous aggravez les problèmes de circulation… Cela a un impact très concret. Engagé aux côtés du groupe des 24.000 je milite contre cette opération spéculative d’un fonds d’investissement qui veut construire 24 000 m2 de bureaux (alors que Paris regorge de surfaces vides) ce qui ne correspond ni aux besoins des entreprises, ni aux besoins des associations, ni aux besoins des habitants.

4 / Pour finir et conclure

Quelles sont les idées majeures que vous souhaiteriez mener pour cette circonscription ? Et pour suivre la tendance d’inclure de plus en plus de professionnels de la société civile, que pensez-vous de l’idée d’un conseil économique local composé de différentes professions, un peu comme un conseil de quartier, mais à une autre échelle ?

- Je souhaite faire de mon mandat un modèle sur les questions de transparence et de démocratie participative. J’associerai les citoyens de la circonscription à la gestion de ma réserve parlementaire, via la constitution d’un jury citoyen. J’aurai recours à des consultations numériques régulières pour demander aux habitantes et aux habitants de nos deux arrondissements leur avis, sur des décisions importantes. Je crois en une démocratie en continu, nous co-construirons donc ensemble des propositions de lois ou des amendements que je porterai ensuite à l’Assemblée.

Avez vous d’autres choses plus personnelles à dire sur vous, vos passions, vos coups de cœur ?

- J’aimerais simplement dire aux citoyennes et citoyens d’aller voter “POUR” et avec le sourire. Arrêtons les votes utiles ou stratégiques, aux législatives, nous voterons pour une écologique qui protège et dynamise la société.