mardi 04 mai 2021 - Dernière minute

LES MEDIAS DE QUARTIERS INDEPENDANTS SE MOBILISENT

LES MEDIAS DE QUARTIERS INDEPENDANTS SE MOBILISENT

Depuis un an et demi, les medias locaux d'information des quartiers parisiens sont privés de ressources en particulier ceux dont le financement est assuré par la publicité des annonceurs privés et du secteur touristique. Fort de ce constat, Simon Thollot, fondateur du media bilingue Paris Lights Up propose à une dizaine d'autres médias locaux de référence et bien établis de s'unir autour d'une démarche commune de création d'un fonds de solidarité municipal pour faire survivre nos médias. Les rédacteurs, journalistes, webmasters, graphistes, photographes, vidéastes et tous les contributeurs de ces médias dont certains totalisent plusieurs millions de lecteurs depuis leur création et contribuent au rayonnement de Paris doivent être soutenus. Chacun représente la vie de son quartier, de son patrimoine et de ses habitants, ce patrimoine vivant et créatif dont la valeur est inestimable et fait l' histoire de Paris. Parce que chacun de ces médias est l'ambassadeur de son quartier. ils ont tous besoin d'être aidés financièrement.

Voici dans son intégralité le courrier qui a été adressé à La Maire de Paris et chacun des conseillers de Paris et en premier lieu à ces 3 adjoints

Carine Rolland, adjointe à la maire de Paris en charge de la culture et de la ville du quart d’heure,
Frédéric Hocquard, adjoint à la maire de Paris en charge du tourisme et de la vie nocturne,
Olivia Polski, adjointe à la maire de Paris en charge du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et des métiers d’art et mode,

 

Pour le lancement d’un fonds de soutien aux médias indépendants parisiens


Responsables de médias et de titres de presse indépendants couvrant l’actualité de la capitale, nous nous adressons aujourd’hui à vous afin d’en appeler au soutien de la ville de Paris dans une période de plus en plus difficile pour notre secteur.


Comme vous le savez, l’interruption des activités culturelles et événementielles, la fermeture des établissements HCR (Hôtellerie - Cafés - Restauration), et la diminution sans précédent de l’activité touristique, ont fortement éprouvé nos modèles économiques. Nos structures étaient déjà fragiles avant cette crise qui ne semble pas devoir finir : le risque est aujourd’hui qu’elle nous porte le coup de grâce que certains redoutaient. Alors que Paris fut longtemps le berceau d’une presse libre et indépendante foisonnante, nous ne pouvons nous résigner à la disparition des médias locaux qui mettent en avant notre ville, nos quartiers, et celles et ceux qui les font vivre.


Il nous est difficile d’accepter une situation qui verrait un seul grand titre de presse détenir par défaut un quasi-monopole de l’actualité locale, d’autant plus que la place consacrée à l’information à l’échelle de l’arrondissement ou du quartier tend malheureusement à se réduire d’année en année. En parallèle, les journaux municipaux, notamment ceux distribués dans les arrondissements, font un travail de terrain fort louable. De par leur nature même, ils ne disposent cependant pas de l’indépendance dont nous pouvons nous prévaloir. Les équipes de communication de la ville de Paris ne peuvent de toute évidence pas remplacer l’action de journalistes travaillant pour le compte de leurs seuls médias.


Dans la crise que nous traversons, la mise en place d’un fonds de soutien aux médias indépendants par la ville de Paris nous semble essentielle à plus d’un titre :


•    Les médias locaux contribuent à la vie démocratique et citoyenne, en couvrant des sujets qui ne sont que très rarement évoqués dans les titres de la presse nationale. Qu’il s’agisse de politique, d’initiatives locales, ou d’aménagements qui concernent les Parisiennes et les Parisiens, nous souhaitons continuer à contribuer au débat public pour encourager la participation citoyenne et un meilleur fonctionnement de la vie de la cité. Le record d’abstention a été battu lors des élections municipales de juin 2020, avec seulement 36,8% de participation au second tour à Paris. Quelle que soit notre vision politique, nous ne pouvons pas nous en satisfaire. Nous estimons avoir ici un rôle essentiel à jouer afin d’animer et de raviver le débat public, et de permettre aux citoyennes et citoyens parisiens de s’intéresser aux enjeux locaux pour faire véritablement entendre leur voix.


•    Pour les commerçants et professionnels parisiens, mais aussi pour toutes celles et ceux qui travaillent dans les secteurs de la culture, du tourisme, ou de l’événementiel, la crise actuelle a causé des dommages profonds et trop souvent irréparables. Pour ces entreprises et ces structures essentielles à l’économie parisienne, notamment pour les plus petites d’entre elles, il est difficile de consacrer suffisamment de temps aux tâches liées à la communication, à la mise en place d’un site internet, ou à l’animation régulière des réseaux sociaux. C’est ici que la presse locale a un rôle incomparable à jouer : en mettant en avant les initiatives locales, les produits fabriqués à Paris, les expositions à découvrir dans les galeries de quartier, le savoir-faire de nos artisans et restaurateurs, nous contribuons à soutenir leur activité. Paris est l’une des villes qui comptent le plus de petits commerces et de professionnels du secteur HCR par habitant, non seulement en France, mais aussi à travers le monde. Seule une presse de terrain de qualité est en mesure de mettre en lumière la diversité et la richesse de leur travail.


•     En soutenant les actrices et les acteurs qui contribuent ainsi à l’économie parisienne, nous encourageons également un tourisme local et responsable, qui bénéficie avant tout aux habitantes et aux habitants de la capitale. Il s’agit par exemple de soutenir les hôteliers indépendants face aux plateformes internationales de location touristique, les petits commerces face à la grande distribution, les artisans parisiens face à l’essor du commerce en ligne. L’interruption actuelle des flux touristiques est l’occasion de repenser à long terme l’accueil que l’on souhaite donner à celles et ceux qui font habituellement de Paris la ville la plus visitée au monde. Elle constitue l’opportunité de faire en sorte qu’à l’avenir, tous les quartiers de la capitale puissent bénéficier de ce nouvel essor touristique, et pas seulement certains quartiers aujourd’hui menacés par une mono-activité qui ne profite qu’aux grands groupes commerciaux et autres enseignes internationales. Tous les quartiers de Paris ont quelque chose à offrir aux visiteurs : la presse locale nous semble le canal idéal pour mettre en valeur leurs richesses respectives. Par ailleurs, effectuer ce travail en amont des Jeux olympiques de 2024 apparaît particulièrement judicieux, encourageant à cette occasion un modèle de tourisme éthique et durable qui bénéficiera à plus long terme aux générations suivantes.


•    Les médias locaux sont trop rarement les seuls à s’intéresser aux quartiers populaires parisiens. Nous savons que leur actualité est très loin de se limiter aux seuls faits divers, comme semble trop souvent le juger la presse nationale. Nous le savons, car nous y habitons, nous les fréquentons, nous connaissons les actrices et les acteurs de terrain qui contribuent à leur vitalité économique, artistique et citoyenne. Mettre en valeur ces quartiers et celles et ceux qui y résident fait partie des priorités actuelles de la ville de Paris : là encore, nous estimons être des interlocuteurs naturels afin d’évoquer les actualités et les initiatives locales, de donner une voix à celles et ceux qui y vivent et y travaillent, et de faire en sorte d’aller au-delà des clichés. Tous les quartiers de Paris se valent : notre travail de terrain le démontre chaque jour.


•    Enfin, nous apparaissons comme un relais naturel pour les initiatives de la ville de Paris. Sans pour autant les juger entièrement dénués de défauts, nous saluons les nouveaux projets qui encouragent la participation des habitantes et des habitants de la capitale pour définir la ville de demain, tels que le Budget participatif, Embellir votre quartier, ou les aides apportées par la municipalité aux acteurs et aux initiatives de terrain. Notre travail à l’échelle locale ne peut qu’encourager cette participation : là encore, les publications municipales et institutionnelles ne sauraient être suffisantes pour évoquer toutes ces questions. Nous sommes sous certains aspects des partenaires, puisque notre bassin de lecteurs, notre périmètre de travail, est le territoire de la ville de Paris. Sans pour autant renier notre indépendance, nous évoquons ainsi régulièrement les projets municipaux qui touchent directement les Parisiennes et les Parisiens, les enjeux débattus en conseil de Paris ou en conseils d’arrondissement, le travail quotidien des élues, élus et fonctionnaires qui contribuent chaque jour à définir l’avenir de notre ville.


Pour toutes ces raisons, vous comprendrez qu’il serait dans l’intérêt de la ville de Paris de soutenir ces médias locaux qui œuvrent finalement pour l’intérêt général. À notre manière, nous sommes nous aussi au service des Parisiennes et des Parisiens, nous visons également à améliorer leur quotidien, à contribuer à l’activité économique, culturelle et touristique de notre ville sans pareille.


Or la presse se meurt, et la presse locale en particulier. Nous ne pouvons accepter la disparition totale de la presse indépendante dans la ville qui a témoigné de son âge d’or à partir de la Troisième République. Une capitale internationale comme Paris mérite de retrouver la vitalité démocratique et citoyenne qu’avait alors permis cet essor du journalisme indépendant. Les médias détenus par de grands groupes ne doivent pas être les seuls à couvrir l’actualité locale, tout comme les journaux municipaux ne permettront jamais de mettre en avant l’ensemble des initiatives qui le méritent ou, disons-le aussi, de poser les questions qui dérangent parfois.


Nous ne faisons pas notre travail par intérêt économique : nous le faisons avant tout par passion pour Paris. Nombre d’entre nous perçoivent un faible salaire, d’autres ne sont pas toujours en mesure de se rémunérer convenablement. Tout comme la ville soutient régulièrement les secteurs culturels, associatifs, ou les structures promouvant la participation citoyenne, elle dispose des compétences comme des moyens pour encourager le travail des titres de presse qui œuvrent chaque jour sur l’ensemble de son territoire. Le fonds de soutien que nous appelons de nos vœux permettrait des bénéfices pour les Parisiennes et les Parisiens sans comparaison avec les coûts requis pour la ville. Voici le cadre que nous proposons :


•    Afin de garantir notre indépendance, une commission équilibrée, regroupant des représentants de l’ensemble des groupes politiques représentés au conseil de Paris, et éventuellement de la société civile, pourrait conduire un processus de sélection pour soutenir chaque année une vingtaine de titres de presse et de médias parisiens.
•    Le fonds de soutien parisien permettrait de soutenir des médias consacrés à diverses thématiques (actualité et politique locale, culture, patrimoine, secteur associatif, etc.), contribuant notamment à la vie démocratique, à l’activité économique, et à la valorisation des secteurs de la culture et du tourisme.
•    Le fonds de soutien permettrait de soutenir des médias de différentes lignes éditoriales, encourageant ainsi naturellement les débats relatifs aux enjeux locaux et à la participation citoyenne. Preuve de son indépendance, le fonds pourrait encourager aussi bien des titres relativement neutres politiquement que des médias plus engagés, qu’ils présentent une ligne éditoriale progressiste ou conservatrice, notamment face aux différents enjeux parisiens.
•    Ce fonds permettrait enfin de soutenir l’émergence de nouveaux médias dans les arrondissements et les quartiers qui en manquent aujourd’hui, incitant ainsi des citoyennes et des citoyens engagés à lancer des services de presse inédits.


La crise actuelle est un moment critique pour notre secteur, et c’est pourquoi nous lançons cet appel aujourd’hui. Cela n’empêcherait cependant pas de pérenniser cette initiative à long terme, comme le fait chaque année le ministère de la culture en soutenant les médias émergents et les titres de presse établis, contribuant ainsi au débat public comme à l’activité économique. Nous n’avons aucun doute sur le fait qu’une telle aide serait, à court comme à long terme, grandement bénéfique pour notre capitale. Les Parisiennes et les Parisiens aiment leur ville, comme ils aiment leurs quartiers : nous avons hâte de continuer à écrire leur histoire.

 

Les Responsables des rédactions des médias signataires :


Raphaële Bortolin - Les Pépites du 19e
Lucie Cappai - Mouffetard Addict
Pascal Fonquernie - PARISMARAIS.com
Romain Nouat - Journal Le Chat Noir
Pauline Pellissier - Mon Petit 20e
Karine Ringot - Montmartre Addict
Simon Thollot - Paris Lights Up