mardi 20 juillet 2021 - Dernière minute

La chasse aux saccageurs de murs est ouverte.

La chasse aux saccageurs de murs est ouverte.

Ballade à vélo dans les petites rues du Marais avec Amaury Gaillard, Directeur de cabinet adjoint de Colombe Brossel à la Mairie de Paris, en charge des services de propreté et du nettoyage de la Ville. Très heureux de contribuer  et d’aider la Mairie à rendre notre quartier plus propre et attractif pour les habitants et les touristes, nous avons lancé voici quelques mois le # tag #DIRTYLIST pour inciter au boycott de toutes les marques qui ne respectent pas la loi et collent salement sur nos maisons. Vivant ici depuis toujours au quotidien, nous avons identifié les lieux où les marques et personnalités sans scrupules saccagent les murs du quartier historique classé et secteur sauvegardé du Marais.

Nous avons partagé nos connaissances avec les services municipaux .

En général ce sont les murs pignons mais aussi les commerces abandonnés et fermés, mais de plus en plus des collages sauvages en hauteur, ou des tags sur le sol, sur les poteaux des stickers, sur les plaques de rue, des graffitis sur les portes cochères magnifiques du quartier… « la ville de Paris dépense 8 millions d’euros par an : 1 million pour mobiliser  30 agents de nettoyage de la régie municipale et 7 millions pour des sociétés privées spécialisées pour décoller les affiches sauvages et effacer les graffitis. Depuis peu, nous repeignons aussi les murs nettoyés dans une couleur ivoire ou similaire à celle des murs abimés. » comme dans la rue de Beauce.

Les sanctions actuelles sont relativement faibles pour les grandes marques comme Balenciaga et son agence Urban Act , condamnés à 15 000 € d’amende, soit 1500 € par affiche x 10 affiches, seuil maximal autorisé. La procédure est complexe nous explique Amaury : «  on doit passer par la préfecture de police qui a d’autres priorités de sécurité publique à gérer. Bientôt, nous pourrons gérer ce type d’amendes directement et agir vite. »

Certains street artists autoproclamés comme John Hamon qui impose sa tête à claques sur tous les murs de la ville sont aussi dans le collimateur : «  on essaie de le traquer, on ne sait toujours par qui c’est, mais on l’aura et on va lui présenter la facture de nettoyage » Celui ci, en effet, ne respecte même pas les codes convenus entre artistes de rue : ne pas recouvrir ni massacrer les œuvres des autres. John Hamon s’en moque, il a par exemple collé sur la fresque de l’ Hôtel du Petit Moulin : « Paris sera Toujours Paris » avec des affiches laides sans aucune direction artistique. Les habitants sont excédés, une habitante historique de la rue de Bretagne nous dit « c’est une persécution cette tête qu’ on voit partout, il n’ y a aucun art là-dedans, c’est psychologiquement fatigant comme l’ image d’un dictateur qui nous poursuit partout"

L’affichage sauvage, créneau exploité par quelques agences de com, mais aussi des coursiers à scooters indépendants qui proposent leurs services pour des clopinettes à certaines boutiques du Marais est illégal. Les collages successifs détruisent les murs anciens, ce que fait la ville en nettoyage doit être ensuite repris et optimisé par les copropriétés surtout quand les graffitis montent jusqu‘au sommet des immeubles comme ce fut le cas rue de Franche-Comté sur le pignon de l’école Béranger, un magnifique hôtel particulier du 18ème siècle : «  dans de tels cas, on doit faire venir un camion spécial avec une nacelle, cela nous coute cher, mais c’est nécessaire »

Lutter contre cet affichage sauvage c’est aussi gaspiller moins d’eau pour le nettoyage, affecter les fonctionnaires municipaux à d’autres fonctions plus utiles, ne pas priver les médias locaux de ressources publicitaires au moment où ils en ont le plus besoin. La presse nationale et locale vit une crise sans précédent : tous ces budgets de com dédiés à de l’affichage éphémère sont un gaspillage indécent, ces sommes seraient plus efficacement investies dans les sites web et journaux de quartier qui, eux, font un travail d’information et de médiatisation utile pour les habitants et les commerces locaux.

Pour signaler à la mairie ces destructions, une application sur téléphone ou votre ordinateur est d’une efficacité remarquable et fait avancer les choses : lire notre reportage sur Dans Ma Rue : https://www.parismarais.com/fr/le-marais-blog/dans-ma-rue-une-appli-qui-fonctionne-bien-a-paris.html

Enquête Pascal Fonquernie, remerciements à Amaury Gaillard , Mairie de Paris.