Rue Sainte Croix de la BretonnerieRue Sainte Croix de la Bretonnerie

La rue Sainte Croix de Bretonnerie est l'une des plus anciennes rues du Marais, elle fut construite au XIIIème siècle et baptisée rue de Lagny, puis rue de la Grande-Bretonnerie car elle était située sur le fief Saint-Pierre de Lagny et sur les vergers et terres agricoles appelés Champ-de-la-Bretonnerie. Sous le règne de Saint Louis il n’y avait encore dans ce quartier que quelques maisons éparses. On l'appelait encore à la fin du treizième siècle la rue des Champs aux Bretons. Les chanoines de Sainte-Croix s'installent dans la rue en 1258, à l'abri de l'enceinte de Philippe Auguste. Ils deviennent rapidement une des communautés les plus riches et les plus en vue du Marais et c'est de ce fait, dès 1314, que la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie prend sa dénomination actuelle. Au même moment plus au nord dans le Marais sous le roi Philippe le bel, la monarchie française s'attaque à la puissance des templiers et fait condamner au bûcher Jacques de Molay, grand maitre des Templiers qui meurt en 1314 en lançant sa malédiction sur les rois de France.

Accusé de malversations, comme d'autres entités religieuses qui s'enrichissaient au détriment des pauvres et de la noblesse, le prieuré de Sainte-Croix de la Bretonnerie est fermé en 1778 et démoli pendant la Révolution française, laissant place au square du même nom. Ce sont désormais des logements HLM de la ville de Paris très prisés qui occupent cet endroit, dans le cœur du Marais où les prix de l’immobilier ne cessent de battre des records.

Au XIXe siècle, la rue Sainte-Croix, est située dans l'ancien 7e arrondissement, dont la mairie est l'actuel Hôtel de Saint-Aignan, aujourd'hui musée d'Art du Judaïsme. Le quartier est envahi par les artisans et une population ouvrière et bien sur la communauté juive qui vit là depuis le moyen-âge.

Dans les années 1970, le comédien Jean-Marie Proslier créé le Beaubourgeois, un restaurant cabaret où il se plait à se déguiser et plaisanter avec ses convives... C'est un endroit chic et improbable dans une rue coupe-gorge à l'époque... Le restaurant disparaitra comme tant d'autres adresses de petits bistrots dans les années 1990.

A la fin du XXème siècle, délaissée comme tout le quartier du Marais jusque dans les années 1975, cette rue découvre une nouvelle vitalité avec l'apparition visible de la communauté gay de Paris qui délaisse la rue Sainte Anne, Saint Germain des prés et les Halles pour s'installer dans ces petites rues sombres, bon marché, aux immeubles insalubres où personne ne voulait habiter. En 1970, on pouvait facilement acheter de beaux appartements pour 1000 francs du mètre carré. L'endroit le plus mythique reste l’Open Café, toujours ouvert aujourd'hui qui résiste à la gentrification à pas forcés de ce quartier. De même la librairie les Mots à la Bouche, première librairie dédiée à la littérature et à la culture homosexuelle depuis les années 1980. Le mythique Coffee Shop a disparu, le dernier cabaret gay le Spyce a fermé ses portes fin 2015 et ses habitués sont venus en faire le deuil pendant que les boutiques de grand luxe poussaient comme des champignons.

A l'aube des années 2020 un équilibre semble trouvé entre des lieux conviviaux, des restaurants, des hôtels de charme comme la Bretonnerie, des boutiques à la mode, un célèbre café-théâtre le Point-Virgule qui vient de fêter ses 40 ans, et des boutiques un peu mass-market que l’on trouve hélas dans toutes les villes du monde.

Dernier bel endroit à s'installer rue Sainte Croix, la célèbre enseigne EATALY qui a inauguré son 39ème magasin dans le monde le 12 avril 2019 à 12 heures et 12 minutes... La créativité est toujours au rendez-vous dans le Marais.