Versailles

Au 17ème siècle, l’aristocratie résidait en partie dans les hôtels particuliers du Marais dont l’urbanisation connut un essor important sous Louis XIII et Louis XIV. De superbes édifices illustrent l’âge d’or du Marais: les Hôtels de Beauvais, de Guénégaud des Brosses, d’Aumont, de Sully, de Mayenne, Salé, de Chalons-Luxembourg, des églises comme Saint Paul Saint Louis ou la façade de Saint Gervais-Saint-Protais. En 1680, Louis XIV opéra une réforme administrative et détermina 16 nouveaux quartiers municipaux. L’actuel Marais se déployait en 4 parties sur 4 quartiers: Hôtel de Ville, la Place Royale, le Marais et Saint Martin.

Progressivement la Cour se déplaça vers Versailles suivant le Roi, avant que celui-ci la fixe définitivement à Versailles par une ordonnance de 1677.

Bien que Louis XIII y fasse édifier un pavillon de chasse dès les années 1630, c’est à Louis XIV que revient la création de Versailles. Situé à distance raisonnable de Paris la frondeuse, le site permettait au roi de fixer sa cour autour de lui, ce qu’aucune autre résidence royale des environs ne permettait.

De 1682 à 1789, Versailles fut le siège de la monarchie absolue et le reflet de la conception du pouvoir voulu par le Roi-Soleil.

Versailles devint la demeure du pouvoir. Dans la monarchie absolue, tout pouvoir émane du roi. Il est maître du royaume qu’il gouverne par des intermédiaires qui lui doivent tout et reçoivent en échange des faveurs. Dans cette société fondée sur le prestige et la représentation, le luxe est obligatoire et la vie est des plus ruineuses.  Ainsi Louis XIV “tient” ses courtisans. Le roi doit dominer en tout et il va de soi que sa résidence doit être la plus belle et la plus glorieuse. Malheur à celui qui oserait lui contester la première place. Fouquet (surintendant des finances du roi) en fit l’amère expérience avec son fabuleux château de Vaux le Vicomte.

Le nombre de ses domestiques au sens noble du terme regroupés dans la maison du roi doit être importante et  sa cour très fréquentée: selon les jours, on y compte de 3000 à 10 000 personnes. L’Étiquette y est stricte et indispensable. Elle permet d’affirmer les rangs des uns et des autres, en un mot: fixer la hiérarchie au sein de la Cour. Ces fonctions de représentation, de gouvernement, d’habitation expliquent la disposition des lieux. Mais cela ne se fera pas en un seul jour et n’aura aucun équivalent dans l’Histoire de France, que ce soit à la cour de Charles V  à l’Hôtel Saint Pol dans le Marais ou à celle de François 1er au Louvre par exemple.

Au début de son règne personnel en 1661, Louis XIV commence à apporter quelques aménagements au manoir de son père en faisant appel à Le Nôtre pour les jardins, à Le Vau et d’Orbay, ses architectes, ainsi qu’à Le Brun, premier peintre du Roi pour la décoration intérieure.

C’est également Le Brun qui aménagea la décoration de l’Hôtel de Castille, situé au 12 place des Vosges dans le Marais, qui fut notamment occupé par Philippe de Courcillon, Marquis de Dangeau, courtisan modèle à Versailles, particulièrement apprécié de Louis XIV qui le comblera de faveurs.

En 1677, lorsque Louis XIV annonce sa décision de fixer la Cour et le Gouvernement à Versailles, les aménagements sont loin d’être terminés. C’est J. Hardouin-Mansart qui devra superviser l’accélération des travaux, la création du Grand Trianon, de la Galerie des Glaces ou des écuries notamment. C’est lui également qui édifia le dôme de l’église des Invalides, conçut la Place des Victoires et la Place Vendôme ainsi que l’Hôtel de Chaulnes dans le Marais.

Ces 50 années de travaux aboutiront à la réalisation d’un ensemble où tout est maitrisé, la nature comme les hommes, tout est ordonné selon un axe qui traverse la demeure royale en son centre, là où, depuis 1701, s’est fixé la chambre du Roi.

A la mort de Lois XIV en 1715, cette “mécanique” de la Cour est maintenue et fait partie à part entière de la royauté.

Les souverains se ménageront cependant des espaces pour leur vie privée, pour s’épargner de la lourdeur de l’Étiquette. La mode est à l’élégance et à l’intimité. Ainsi nichés au coeur du château, apparaissent des petits appartements et des cabinets intérieurs. Marie-Antoinette adoptera cette attitude avec le Petit Trianon notamment.
A la veille de la Révolution, la Cour est souvent désertée, la noblesse s’est éloignée du Roi, sentant les grands changements approcher.


© Arnaud Sellier