Hôtel d’Aumont

5-7 Rue de Jouy, Paris, France .
Hôtel d’Aumont

Entre 1619 et 1623, le conseiller du roi et riche financier Michel-Antoine Scarron acquiert plusieurs petites maisons voisines dont un vieil hôtel médiéval appelé « Le croissant noir ». Il les fait abattre pour construire un hôtel à la mode d’après les plans de François Mansart, et non de Le Vau alors trop jeune. Les nouveaux bâtiments, commencés en 1631, sont achevés en 1649-1650 par le maître maçon Michel Villedo. 

La fille de Scarron, Catherine, avait fait un beau mariage en épousant, en 1629, Antoine d’Aumont, marquis de Villequier.  Ce dernier vend son hôtel place des Vosges et choisit de s’installer chez son beau-père. La mort de Michel-Antoine Scarron, en 1655, fait du couple les nouveaux propriétaires des lieux. Bientôt maréchal de France, duc et pair, gouverneur de Paris, Aumont effectue d’autres acquisitions pour agrandir la demeure : en façade sur la rue de Jouy, en profondeur vers l’Hôtel-de-Ville. Il fit embellir les intérieurs par Charles Le Brun et reconstruire en 1665 le grand escalier en pierre par Libéral Bruand.

Délaissé à partir de 1742, l’hôtel fut vendu en 1756 par Auguste d’Aumont à l’architecte Sandrié qui envisage un temps de le démolir. Rapidement revendu au financier Pierre Terray, frère du ministre de Louis XV, l’hôtel est confisqué à la Révolution, ses propriétaires sont guillotinés. Vendu à nouveau, à la famille Renay, l’immeuble héberge en 1802 la mairie de l’ancien IXe arrondissement. En 1856, c’est la Pharmacie centrale de France qui s’y installe et organise de multiples travaux, qui dégradent le bâti : surélévations, ateliers, verrières… En 1936, il est finalement acquis par la Ville de Paris qui entreprend, après la guerre, des travaux de restauration (1942-1963). L’hôtel accueille, depuis 1965, le Tribunal administratif de Paris. 

L’hôtel d’Aumont représente le type de l’hôtel parisien entre cour et jardin. La façade sur la rue de Jouy est formée d’une aile basse dans laquelle s’ouvre une porte monumentale encadrée par deux pavillons à étages. La cour pavée est bordée par des bâtiments à un étage. Un deuxième étage s’articule dans le toit de faible hauteur. L’hôtel a deux entrées latérales. L’aile, à droite, abritait les remises et les écuries. Dans celle de gauche, un passage voûté conduisait à une seconde cour qui servait aux domestiques. Les façades sur cour et jardin comportent les mêmes détails architecturaux et la même alternance de fenêtres rapprochées. L’intérieur, qui a beaucoup souffert, garde cependant plusieurs salons à plafond et poutres peintes. De la décoration que Le Brun exécuta au début de sa carrière, il ne reste que quelques fragments de L’Histoire de Romulus et Rémus.