Hôtel de Chalons-Luxembourg

26 Rue Geoffroy l'Asnier, Paris, France .
Hôtel de Chalons-Luxembourg

En 1605, Perette le Sain, veuve d’un secrétaire du roi, achète une maison rue Geoffroy-l’Asnier. Trois ans plus tard, ses héritiers vendent la bâtisse à Antoine Le Fèvre de la Borderie, conseiller d’Etat et ambassadeur du roi Henri IV à Rome, à Bruxelles puis en Angleterre. Il s’installe dans l’hôtel en 1612 et y habite, en compagnie de sa fille, jusqu’à sa mort.  A la mort de son père, cette dernière loue puis vend la demeure à Guillaume Perrochel, maître d’hôtel du roi. L’hôtel que l’on connait est bâti en 1623, pour le compte de ce dernier, par un architecte inconnu. 

L’hôtel porte le nom d’une famille de commerçants rouennais, les Chalons, à qui Guillaume Perrochel a, un temps, loué les lieux. A sa mort, en 1658, ses enfants se séparent de l’habitation au profit de Marie Amelot. La fille de Denis Amelot de Chaillou, propriétaire de l’hôtel du même nom, est également l’épouse séparée de Charles Béon de Luxembourg de Massez. On juxtapose alors le nom de la nouvelle propriétaire au nom de l’hôtel : Chalons-Luxembourg. C’est également Marie Amelot qui fit construire le somptueux portail sur rue orné d’une tête de lion et d’un bel écusson. Elle s’éteint  en 1702 à l’âge record de 97 ans. La famille Luxembourg conserve la propriété six décennies encore jusqu’à son rachat par Madame Lelong.

Roger de Gadencourt, en 1770, puis un marchand de vin, Claude Polissard, en 1779 s’en portent acquéreurs. L’hôtel demeure dans sa famille jusqu’à ce que le peintre Charles Huard ne le rachète. Parmi les figures qui ont habité l’hôtel, on retrouve l’écrivain italien Gabriele d’Annunzio qui y séjourne quelques mois entre 1914 et 1915 avant de rentrer en Italie soutenir l’intervention de son pays aux côtés des Alliés. Son dernier propriétaire, l’architecte Jean Walter, en fait don à la Ville de Paris en 1948. Classé monument historique en 1977, l’hôtel est partiellement restauré en 1990. La Ville ambitionne un temps de vendre les lieux avant de céder l’endroit, pour un bail emphytéotique (99ans), au mémorial de la Shoah. 

A la différence de la majorité des hôtels particuliers du Marais, cette petite et charmante maison n’a rien de seigneuriale. La façade sur jardin est composée de briques roses et de pierres de Saint-Leu sur le rythme de la Place royale (place des Vosges). Egalement dans ce style Louis XIII, le toit est couvert d’ardoises et percé de lucarnes. Derrière l’hôtel, dans le grand jardin, trône un bel escalier à double révolution. Le fronton du portail est sublime, l’un des plus extraordinaires de Paris. Une large coquille laisse passer la tête d’un lion qui tient dans sa gueule une cartouche de marbre noir où l’on peut lire le nom de l’hôtel.