Le Pavillon du Roi

1 Place des Vosges, Paris, France .
Le Pavillon du Roi

Le pavillon du Roi constitue l’entrée principale de la place royale, nouvellement place des Vosges. Face au pavillon de la Reine, le pavillon Henri IV, du nom du roi qui ambitionna cette nouvelle place, surplombe l’ensemble des autres constructions. Mais le roi n’y habite jamais et le bâtiment demeure davantage symbolique. Sa porte triomphale doit permettre l’entrée des cortèges sur la place, par la rue de Birague.

L’édification du pavillon du Roi débute en 1605, les travaux de maçonnerie sont confiés à Jonas Robelin, la charpente est l’œuvre de Gilles Le Redde. L’hôtel est achevé en 1607 et peut accueillir son premier habitant, le premier valet de chambre et peintre ordinaire du roi, Charles de Court, qui reçoit la charge de concierge des lieux. Il s’installe avec son épouse Marie de Guille mais trouve la mort en avril 1614. Sa veuve et ses enfants conservent la charge de concierge jusqu’en décembre 1666 et un arrêt du Conseil d’Etat qui y met fin. Le 6 mai 1674, Guy Le Cocq, seigneur du Plessis paraphe « un acte d’engagement avec faculté de rachat perpétuel ». L’homme sert en réalité de prête-nom pour cette transaction à François de Launay et à Jacques le Mire. Les deux hommes sous-louent l’endroit à M. Morel, écuyer du prince de Soubise.

En 1751, Jeannes Gourgues émarge, à son tour, un contrat d’engagement et enjoint les anciens occupants à financer des travaux de réhabilitation devenus nécessaires. Le pavillon du Roi est alors vieux de cent cinquante ans. A cette occasion un état des lieux est dressé qui révèle l’état de délabrement du bâti. Les roues des carrosses qui vont et viennent à travers les arcades affectent les fondations du pavillon, notamment. Mais Jeanne Gourgues n’obtient ni des anciens propriétaires, ni de ses locataires, le paiement des réparations qu’elle escomptait. Aussi décide-t-elle de céder les lieux au seigneur Levesque de la Cointeterie. 

Deux nouveaux contrats d’engagement sont signés ; en 1763 par un bourgeois de Paris, Joseph Philippe-Vambergue puis en 1769 par Alexandre-Joseph de Bonneval. Ce dernier dédie l’ensemble de l’hôtel à la location. L’un des principaux locataires est un dentiste, François Leroy de la Faudignère. Pour l’anecdote, ce dernier organisa une exposition improbable où se côtoyaient des œuvres d’artistes  si célèbres (Raphael, Rubens…) que l’on en vint à douter de leur authenticité. La vente de ces tableaux doit lui permettre de renflouer ses créanciers, le dentiste a accumulé les dettes. La Faudignère meurt en juillet 1786 laissant derrière lui l’ensemble des peintures qu’il n’avait vendu.

Dans le contexte révolutionnaire, Alexandre-Joseph de Bonneval est forcé de remettre le pavillon du Roi à la Nation. L’hôtel devient un Bien national. Le 5 février 1799, l’Etat décide de se séparer définitivement du pavillon. Il est acquis par Jean-Adam Muller qui le revend rapidement au peintre François Dumont, dont les nombreuses miniatures sont aujourd’hui exposées au Louvre. On retrouve également, parmi les propriétaires, un poète et romancier suisse, Juste Olivier qui s’adjuge la propriété en 1856. L’écrivain reçoit au pavillon du Roi le tout Paris littéraire. A sa mort, sa veuve et ses filles héritent de l’hôtel. Au second XXe siècle l’endroit passe de main en main, il est aujourd’hui divisé en copropriété.