lundi 28 juin 2021 - Evènements

Rencontre avec un colleur sauvage pris sur le vif

Rencontre avec un colleur sauvage pris sur le vif

Rencontre en plein collage pour recouvrir les affiches illégales du magazine Têtu, déjà dépassées quelques jours après leur pose. Je discute avec un jeune colleur en pleine action sur un pignon du BHV…  Bonjour,  je peux te poser des questions, tu colles pour qui ? tu es en free lance ?

- Non y a plein d’indépendants, mais moi je suis salarié, c’est une agence de pub : Urban Act…

Mais tu sais que c’est illégal.

– Oui je sais , j’ai l’ habitude, mais je suis leur employé, je risque rien perso, je fais ça souvent et je prends des prunes à 135 euros. J’ai l’ habitude, avant c’est 68 euros… Mais le Marais, c’est chaud très surveillé, pas de problème, je paye les prunes et l’agence me rembourse.

Tu sais qu’ ils prennent des grosses amendes ?

- Oui j’ai entendu dire 10 000, plus, parfois 40 000, c’est les clients qui payent comme ils sont blindés, ils veulent coller, ils s’en foutent des amendes… C’est un peu comme un circuit économique sans fin qui recommence : je colle, je paye, y a les amendes , ils les payent et on recommence…  L’ affichage c’est vieux comme le monde, ça a toujours existé. Moi je fais ça proprement, sur les murs déjà collés ou sur les palissades, jamais sur les vitrines… Et puis, je fais pas de mal, je vends pas de drogues, je conduis bien, je respecte les gens…

Tu sais pour qui tu colles ? 

- Euh non… 

OXFAM c’est une grosse organisation humanitaire et la présidente est une ancienne ministre écologiste, c’est rigolo non ?

- Ah oui, je savais pas coller du papier écolo… Enfin, les amendes de la mairie de Paris, ça me fait rigoler aujourd’hui : ils sont à cran, mais autrefois ils en ont fait du collage et du street art sur le sol, et ils payaient des agences comme nous. C’était plus cool avant Hidalgo… Là, c’est très serré... ils sont après nous, même le maire du quartier...

Tu ne te rends pas compte que des journaux ou sites web auraient besoin de l’argent de cette pub, ça fait des grosses sommes quand même ?

- Urban Act, ils veulent pas payer dans les magazines parce que les pages coutent trop cher, les murs c'est gratuit…

Ok merci de m’avoir répondu, fais gaffe en scooter, bonne chance à toi…


Qu’en pensez-vous ?

Sans moyen de répression, sans caméras de surveillance, sans amendes assez dissuasives pour les grands comptes, cela semble ne pas vouloir s’arrêter. Et les services de nettoyage de la ville de Paris semblent débordés. Le Marais étant considéré comme un territoire de collage obligatoire pour se faire remarquer, en particulier pendant les semaines événementielles majeures que sont les fashion weeks, les fêtes de la musique et la gay pride.

Quelles solutions ? Vous voulez contribuer à ce débat ? Ecrivez nous : info@parismarais.com.