samedi 30 janvier 2021 - Boutiques

MARKETING : FLOP DU LUXE RUE DES ARCHIVES

MARKETING : FLOP DU LUXE RUE DES ARCHIVES

Dès 2014 un certain nombre d’enseignes de luxe se sont installées dans le Marais et notamment rue des Archives dans le prolongement du BHV fraichement relooké et monté en gamme. Tentatives mal calculées et implantations ratées pour ces grands noms du luxe souvent filiales de LVMH ou Kering: Fendi, Valentino, Givenchy, John Galliano… Et maintenant Gucci qui ferme ses portes.

Il aura fallu 5 ans pour qu’ ils se rendent compte que l’alchimie n’opérait pas entre un quartier tendance alternatif avec une population engagée pour sa diversité, et des marques ostentatoires calquées sur les désirs de la jet-set mondiale. Tous rêvaient de transformer la rue des Archives en Avenue Montaigne, d’évincer les petits créateurs et les établissements festifs LGBT pour y faire venir les riches chinois, russes et la clientèle du golfe. Ceux qui d’habitude restent dans les palaces du 1er et du 8ème arrondissements. Raté. Echec cinglant et camouflet pour les stratèges en marketing de ces marques : le Marais n’est pas un quartier comme les autres.

La tentation fut de réaliser un copié-collé dans le Marais de la Stratégie de gentrification de St Germain des Près dans les années 2000. Erreurs et méconnaissances de la sociologie des Maraisiens. Si les nouveaux développements entrepris par le BHV et d’autres grands acteurs du luxe ont fait monter Le Marais en gamme, tant mieux pour la revalorisation du patrimoine et pour l’emploi local, tant mieux aussi pour ceux qui sont déjà propriétaires, car les prix s’envolent et ne baisseront pas.

Mais tout cela est au prix de la disparition de l’identité bohème et diversifiée du quartier. Les bistros, petits commerces de proximité, les jeunes créateurs et commerces authentiques sont hors course et ne peuvent suivre la flambée des loyers des baux commerciaux. Ajoutons à cela deux ans de manifestations de gilets jaunes, des successions de grèves et un an de crise sanitaire ont lessivé même les plus riches et fait revenir sur terre les gros investisseurs qui rêvaient d’un nouvel eldorado.

Avec la crise du covid et l’absence de clients internationaux, les boutiques de très grand luxe n’ont plus de raison d’être ici. Inabordables pour les habitants du quartier, ces boutiques ne captent pas les riches français et rares touristes européens qui restent dans leur quartiers historiques : Louvre, Concorde, Opéra, Champs-Elysées et St Germain. Exit le Marais, qui du coup se voit envahi par des enseignes mass-market mondialisées. Les mêmes qu’à Soho à Londres, les mêmes que dans toutes les centres villes de toutes les métropoles. La Grande crise pour les commerces ne fait que commencer. Faire la moindre prédiction est hasardeux, mais il semble que pour le super luxe, ce soit le clap de fin… Au moins pour quelques années.

Pascal Fonquernie
Directeur Editorial PARISMARAIS.COM

 

En 2015, le combat des artistes de rues du Marais

Contre l' installation des boutiques de luxe de la rue des Archives, de nombreux street artists s'étaient engagés contre le choix du groupe Galeries Lafayette propriétaire des murs et de tout le paté de maison, de transformer ce bas de rue en allée de l'hyper luxe avec Moncler, Valentino, Givenchy, Fendi et Gucci. Les enseignes ont périclité les unes après les autres... Même la petite boutique Moncler a fermé juste après Gucci. Ces enseignes sont remplacées par des marques plus abordables pour tous et des boutiques éphémères.

En 2015 des artistes dont le célèbre PIMAX avaient tagué sans relache les paneaux de chantier préalables à l' installation des boutiques de la rue des Archives, notamment avec ce personnage de "Goldfuck" qui pointait un bras vengeur contre les groupes de luxe. à découvrir sur PARISMARAIS DISCOVERIES https://www.parismarais.com/newsletter/2015_04_20/Street-Art-in-The-Marais.html

 

Les paneaux de chantier des vitrines de Gucci - Marais en 2015 avant leur installation, régulièrement taguées.