Hôtel de Beauvais

68 Rue François Miron, Paris, France Ouvert lors des Journées européennes du Patrimoine .
Hôtel de Beauvais

Cette ancienne demeure du XIIIe siècle échut, au XVIIe siècle à Marie-Madeleine de Castille, épouse de Nicolas Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV. Le 30 mai 1654, Pierre de Beauvais, conseiller du roi, en fait l’acquisition en échange de ses deux propriétés de Saint Mandé. Sa femme Catherine Bellier, baronne de Beauvais, est la première femme de chambre d’Anne d’Autriche. A ce titre elle lui administre ses clystères (lavements). Elle est également sa plus intime confidente et passe pour l’avoir bien servie lors de ses amours avec Mazarin. C’est probablement la reine mère qui a chargé, celle que l’on surnomme « Catheau la Borgnesse » de déniaiser le jeune Louis XIV. C’est donc à sa proximité avec la famille royale que le couple doit sa position sociale.

La même année, les Beauvais agrandirent le domaine de deux parcelles voisines, firent démolir l’ensemble des trois demeures et demandèrent à l’architecte du roi, Antoine Le Pautre de leur édifier un somptueux hôtel. Parce que le terrain était étroit et irrégulier, le maître d’œuvre plaça l’habitation sur la rue et non entre cour et jardin comme il était de coutume pour des hôtels particuliers. Sur la rue, les boutiques devaient  fournir un revenu locatif. A la mort de son époux, Catherine de Beauvais, ruinée, se résolu à vendre l’hôtel mais en conserva la jouissance jusqu’à sa mort.

L’hôtel connut plusieurs propriétaires et fut modifié à plusieurs reprises. Le comte Van Eyck, ambassadeur du roi de Bavière qui en était alors locataire y reçut, en novembre 1763, Mozart accompagné de son père et de sa sœur. Le comte devint propriétaire de l’hôtel en 1769. Confisqué en 1792 aux filles Van Eyck, l’hôtel est acquis en 1799 par un affairiste, Armand-Jean-Baptiste Maurin, qui le rentabilise en créant trois niveaux d’appartements, à la place des deux étages d’origine. L’hôtel fut loué et le nombre de pièces augmenté pour une plus grande rentabilité.

Acquis par la Ville de Paris en 1943 dans le cadre de l’expropriation de l’îlot 16, l’hôtel est vidé de ses derniers locataires en 1987. Il fut l’objet d’une coûteuse rénovation entre 1999 et 2003. Aujourd’hui loué à bail emphytéotique au Conseil d’Etat, il abrite actuellement la Cour administrative d’appel. La façade nord sur cour avec ses trois ordres superposés comprend en son centre une rotonde soutenue au rez-de-chaussée par huit colonnes. On marquera l’entablement décodé de têtes de béliers. L’escalier a gardé sa rampe de pierre et une partie de son décor sculpté. La façade aux amples proportions est rythmée par un grand porche d’entrée dont le décor sculpté a disparu.