Hôtel de Coulanges

35-37 Rue des Francs Bourgeois, Paris, France .
Hôtel de Coulanges

Lorsqu’Henri IV est couronné roi de France, il découvre un Paris détruit par des années de Guerres de religion. Surtout, la ville conserve un aspect moyenâgeux lorsque le roi entreprend la construction d’une merveilleuse place, la Place Royale (aujourd’hui place des Vosges). En 1604, sur les conseils de François Miron, prévôt des marchands, les terrains de l’ancienne résidence royale de l’hôtel des Tournelles sont affectés à la construction de pavillons particuliers. Des lots identiques sont vendus à de nobles familles et un édit royal interdit aux propriétaires d’apporter la moindre variation à l’aspect extérieur de l’édifice. Les façades doivent être faites de briques et de pierres, les toitures en ardoises. Par sa beauté, sa régularité, son étendue la Place Royale devient le lieu de prédilection de la cour.

La parcelle qui jouxte à l’ouest le futur pavillon royal est vendu le 1er juillet 1605 à Jacques Bouhier, conseiller et maître d’hôtel du roi. N’ayant rien fait bâtir, il revend sa parcelle un an plus tard.  Philippe Ier de Coulanges acquiert le lot et dans le même temps la moitié du lot voisin. En 1607, démarrent  les travaux de construction. Le gros œuvre est rapidement achevé lorsque, le 1er août de la même année, Coulanges confie les aménagements intérieurs au sculpteur Mathieu Jacquet, dit Grenoble. En 1609, Philippe de Coulanges habite les lieux avec sa fille. Celle-ci épouse Cesle-Bénigne de Rabutin, baron de Chantal. Le 5 février 1626, Philippe de Coulanges devient le grand-père d’une petite Marie de Rabutin-Chantal. L’enfant habitera les lieux jusqu’à son dixième anniversaire. Elle devient une épistolière fameuse, connue sous le nom de Madame de Sévigné. 

A la mort de Philippe de Coulanges, en 1637, la petite Marie qui vivait, depuis la mort de ses parents, avec son grand-père trouve refuge chez son oncle, Philippe II de Coulanges. L’homme élève sa nièce dans son nouvel hôtel, rue des Francs Bourgeois. L’hôtel Coulanges (à ne pas confondre avec l’hôtel de Coulanges) après la succession est racheté par Antoine Boyer le 23 mars 1640. Sa petite fille Anne-Marie-Louise apporte l’hôtel en dot lorsqu’elle épouse, le 11 juin 1680, Henri-Charles de Beaumanoir, marquis de Lavardin, un « gros homme extrêmement laid », qui, « de sa vie, n’étoit sorti de table sans appétit, et assez pour bien manger encore » selon Saint-Simon. Le 30 avril 1718, les héritiers cèdent l’hôtel Coulanges à Louis-François de Saint-Simon, marquis de Sandricourt, maréchal des Camps et armées du roi.

Au XVIIIe siècle l’hôtel devient la propriété de la famille d’Arnouville, puis Bartillat. A l’occasion de la Révolution, le fils, Louis-François-Jules Jehannot de Bartillat est accusé de conspirer contre la Nation. Il fuit la France en 1791 et prend la tête de dix compagnies dans l’armée contre-révolutionnaire. Tué pendant l’expédition de Trèves l’année suivante, son hôtel est saisi au titre des biens d’émigrés, qui se sont rendus coupables d’avoir pris la fuite. Loué un temps par la République, l’hôtel Coulanges revient aux héritiers Bartillat en 1798. Au XIXe siècle l’hôtel est la propriété des familles Vendeuil (1821), puis Guéret (1858). La fille cadette loue l’hôtel à Paris Singer, héritier de l’entreprise de machines à coudre et époux de la célèbre danseuse Isadora Duncan. Les façades, les toitures, le grand escalier, la galerie voûtée et le plafond du deuxième étage sont classés au titre des monuments historiques. Les derniers occupants de l’hôtel Coulanges présentent un profil différent puisque, pendant près d’un an, l’endroit fut squatté par le Collectif Jeudi Noir. Une trentaine d’étudiants et jeunes précaires ont élu domicile dans les anciens appartements de Madame de Sévigné en état d’abandon. Ils en ont été expulsés le 23 octobre 2010.